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12 mars 2008

RENCONTRE AVEC UN GRAND MONSIEUR

Et d'abord un (petit) "billet d'humeur"!
Pas tant contre l'administration nigérienne, à laquelle on pourrait parfois reprocher  une certaine lenteur, que contre mes collègues apprentis- chercheurs et chercheurs confirmés. Il me semble que lorsque l'on s'intéresse à un pays il y a lieu de le respecter, quand bien même le fonctionnement de l'Etat sur place diffère du fonctionnement de l'administration française...
Ainsi, ce serait en raison d' "indélicatesses" de la part d'étudiants et de chercheurs passés précédemment par ici que le Niger, depuis un an, demande garanties et documents en nombre avant d'octroyer une autorisation de recherches. Autorisation que, pour ma part, à trois jours du départ, je n'ai pas obtenue...

Pourtant, je vous assure qu'il peut être très intéressant, pour un étudiant en histoire, d'accéder aux archives nationales du pays étudié...

Heureusement, en attendant, il y a toujours d'autres choses passionnantes à faire. Aujourd'hui, par exemple, j'avais rendez- vous avec Albert Ferral. Ce nom dira sans doute quelque chose aux personnes qui s'intéressent comme moi au Niger... Il est connu ici pour avoir exercé longtemps au Musée National.

Le 9 février dernier, il présentait au CCFN son dernier livre: Histoire des foyers des métis de la colonie du Niger. Car M. Ferral fait partie de cette nouvelle race d'hommes, dont la naissance est une des conséquences de la rencontre entre l'Europe et l'Afrique dans le cadre de la colonisation, celle des métis.

photo_m_tisLoin de leur pays, les Européens, qu'ils fussent administrateurs, techniciens divers, militaires ou paramilitaires, éprouvèrent le besoin de partager leur existence avec "les femmes indigènes", presque toujours d'ailleurs, dans le respect le plus parfait des coutumes et traditions locales.

... Ce qui n'a pas empêché ces Européens d'abandonner ensuite les enfants nés de ces unions.

Après avoir abandonné dans les bras de leurs mères leurs progénitures, les colonisateurs européens sentirent peser sur eux , au bout de quelques décennies, un sentiment de culpabilité.

D'où la création des "Orphelinats de métis", devenus ensuite "Foyers de métis" (car ces enfants n'étaient orphelins que de père!). Photos, témoignages et curriculum vitae à l'appui, Albert Ferral raconte l'histoire de ces foyers, qui ont souvent vus sortir de leurs murs des personnes qui ont occupé des postes importants dans l'Etat indépendant.

Ce livre de presque 150 pages est un document de grande valeur, car qui avait parlé dans le détail de cet aspect de la rencontre entre l'Europe et l'Afrique auparavant? Que ce soit dans des ouvrages produits par des Nigériens ou par des Français, jamais je n'ai vu de détail à ce sujet là...

Mais cet ouvrage n'est distribué, pour le moment qu'au Niger. Car c'est une mission catholique locale qui en a parrainé l'édition. L'ambassade de France, manifestement, aurait pu le faire, mais il aurait fallu pour ça que l'histoire soit un peu "arrangée" disons, "romancée" voyez vous...

Voilà donc comment un ouvrage prêt depuis l'an 2000 environ ne voit le jour qu'aujourd'hui. Des gens sont encore là pour parler de ce sujet quelque peu "tabou" vraisemblablement, notamment côté français, mais pour combien de temps encore?!!


Ce matin donc, M. Ferral m'a reçue chez lui. Nous nous sommes installés dans le jardin, sous un grand arbre et nous avons parlé. Bien plus de deux heures je pense. Le vent qui soufflait faisait du bruit dans les feuilles et couvrait parfois la voix de ce Monsieur qui a pourtant tant de choses à dire. Ce qui est pour lui son passé et l'histoire de sa vie est pour moi de l'histoire et bien sûr je lui ai posé des questions en rapport avec mon sujet de recherches (Transmission de l'Etat colonial et question éducative: l'enseignement du premier degré au Niger (1956- 1974)).
Mais il m'a raconté tout plein d'autres choses, notamment ses voyages, en France, lorsque, voulant mieux connaître le pays de son père et les Français en général, il est parti à l'Université du Théâtre des Nations et fréquentait les artistes, et dans l'Espagne de Franco.


C'était un beau moment pour l l'apprenti- chercheuse que je suis et ce genre d'expérience est sans doute l'une des plus intéressantes pour l'historien qui s'intéresse à l'époque contemporaine. Un grand merci Monsieur Albert Ferral!

...

Mais, que se passe-t-il? Au moment où je finis d'écrire ces mots...il pleut! Oui, il pleut sur Niamey. Ce ne sont que quelques gouttes...bienfaisantes a priori mais en fait tout à fait surprenantes pour cette époque de l'année.

???

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