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17 mars 2008

QUI CONVOITE LE SAHARA NIGERIEN? POURQUOI? COMMENT?...

... Tels ont été les premiers mots de l'intervention du Pr Djibo Hamani, sans doute l'un des plus grands historiens nigériens, lors d'une conférence à laquelle j'ai assisté à Niamey fin février. Organisée par l'association Alternative, Espaces citoyens, cette conférence avait pour thème « Enjeux politiques et géostratégiques du conflit armé dans le Nord de notre pays. Quelles solutions pour une paix durable ? ».

Il y a bien évidemment été question de l'exploitation de l'uranium dans le Nord du Niger, cet uranium qui alimente en grande partie nos centrales nucléaires et qui, jusqu'à présent, mais plus pour longtemps, est exploité exclusivement par la société française Areva. Les deux intervenants, Djibo Hamani et Mohamed Bazoum, député de l'opposition, se sont accordés sur le fait que, si la rébellion actuelle a de multiples enjeux, la présence d'une richesse telle que l'uranium dans la région est loin d'être anodine... ’S’il n’ y avait pas eu d’uranium dans la région d’Agadez, nous n’aurions certainement pas assisté à des mouvements irrédentistes à répétition’’  affirme ainsi le député Bazoum.

Pour lire l'intégralité de leurs interventions, qui ont été retranscrites sur le site de l'association Alternative, c'est ici et ici... Très intéressant, particulièrement édifiant...

Lors de cette soirée, a été également évoquée la question des exploitations d'or dans l'ouest du Niger. Le député Bazoum, membre d'une commission parlementaire s'intéressant au sujet, a dressé un bilan assez alarmant de la situation:

J’ai visité récemment la mine de Samira à l’occasion d’une mission de la commission d’enquête parlementaire, mise à l’effet de vérifier certaines allégations faites à la société qui exploite le site (...)

Lors des visites que j’ai effectué dans les villages environnants, j’ai pu me rendre à l’évidence que les habitants ne profitent que de la poussière qui est déversée par l’exploitation de ces gisements dans la région. Pour les populations du village de Libiri, je vous dis que l’or est un malheur. Ces orpailleurs s’approvisionnent en eau directement dans le bassin de la Sirba. Les habitants sont inondés de poussière, et personne d’entre eux ne travaille dans les mines. C’est pareil pour les populations de Sebangou, un village de l’autre côté de l’affluent du Fleuve. Les 40 habitants de ce village qui travaillaient dans les mines ont été renvoyés suite au mouvement de grève. La situation est identique pour un autre village. Apres le mouvement de débrayage, le directeur a recruté des ouvriers dans la localité de Gotheye et ailleurs. Avec la complicité d’un nigérien, on leur verse des salaires d’esclaves. Quant ces employés ont protesté contre des actes racistes, ils ont été renvoyés le même jour (...)

C’est une petite société canadienne d’experts comptables qui exploite ce site aurifère et son siège est basé dans les îles Barbade, une sorte de paradis fiscaux.Apres avoir amassé des bénéfices énormes, ces sociétés sont capables de simuler une faillite pour plier bagages, en laissant derrière elles, des trous béants dans la région. A cette date, ces sociétés ont déjà causé des préjudices énormes à l’environnement. La situation est plus dangereuse dans la région d’Agadez, où les déchets chimiques contiennent de fortes doses de radioactivité. On parle même de contamination des eaux souterraines, ce qui n’est pas le cas à l’Ouest, où des dispositions ont été prises pour éviter que le cyanure ne contamine les eaux de la Sirba. Globalement, je puis vous dire que le contexte est propice à la dégradation de l’environnement, et à des risques de toutes sortes de maladies. Les populations locales n’ont pas de boulot, ne profitent de rien. [lire l'intégralité de l'article]

Ainsi, le Niger, comme bien d'autres pays "en voie de développement" est victime de ses richesses.

Des richesses qui, mis à part l'uranium, n'étaient pas exploitées de manière "industrielle" jusqu'à récemment: pas assez rentable... Mais avec le boum du prix des matières premières, les choses se précisent et surtout se précipitent et il est certain que ce ne sont pas les Nigériens qui en profitent le plus...

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